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15 septembre 2012
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Eglise Sainte-Barbe de Wittenheim : les œuvres décoratives de George Desvallières retrouvent tout leur éclat



Le Triomphe de Sainte Barbe, 1929 - Après restauration


Inauguration

Le samedi 15 septembre 2012 a eu lieu l’inauguration des peintures murales rénovées de George Desvallières à l’église Sainte-Barbe de Wittenheim sur la voûte du chœur ainsi que dans la chapelle du baptistère. Lors de la cérémonie inaugurale, le Maire M. Antoine Homé, a salué le travail effectué par les restaurateurs, Monsieur et Madame Pequignot. Il a souligné l’ampleur des efforts conjugués de la Municipalité de Wittenheim, du Conseil de fabrique, du Conseil de quartier et du curé de la paroisse, qui ont permis la mise en valeur d’un chef d’œuvre dont l’importance est unique en Alsace. M. Homé a également précisé que cette deuxième phase de restauration, la première ayant été celle du chemin de croix achevée en 2010, a été notamment rendue possible grâce au soutien de la Direction régionale des affaires culturelles. Le curé de la paroisse, Philippe Burgy, a évoqué quant à lui la dimension spirituelle de cet ensemble unique de Desvallières : « Rénover des fresques, ce n’est pas simplement habiller un mur, remettre en état une belle œuvre, c’est surtout permettre d’articuler la parole et l’image. » Cette inauguration coïncidait avec le centenaire de la création de la Cité Sainte-Barbe, directement liée à l’exploitation de la mine de potasse voisine qui en a fait la prospérité jusqu’aux années 1970 et dont le directeur, M. de Retz, avait commandé à George Desvallières cette œuvre en 1928. Ceci explique notamment dans Le triomphe de Sainte Barbe la représentation de l’église de Czestochowa, en hommage à l’important contingent d’ouvriers polonais qui travaillaient dans la mine.

Géraldine Veyrat



Le Baptême du Christ, 1929 - Après restauration


Une restauration exemplaire

Les peintures de George Desvallières à l’Église Sainte-Barbe de Wittenheim.
Le triomphe de Sainte Barbe, Voûte du Chœur. Le Baptême du Christ, Baptistère.

Le rapport de restauration (avril-mai 2012) de la voûte du chœur et du baptistère réalisé par Francine et François Péquignot avec Catherine Huisse, montre le sérieux et le professionnalisme de leur travail. Nous publions un résumé tant il nous a paru intéressant, en redisant notre reconnaissance aux auteurs qui nous l’ont envoyé.

Après un bref historique des deux œuvres restaurées au printemps, un descriptif détaillé souligne un élément intéressant signalé à l’équipe par Catherine de Bayser lors de leur rencontre en 2010, au moment de la finition de leur remarquable restauration du Chemin de croix. Contrairement à cette œuvre qui couvre les murs de part et d’autre de la nef, les peintures de la voûte et du baptistère ne sont pas exécutées sur toile, mais peintes directement sur la paroi (1). Desvallières utilise là exceptionnellement le Stic B, mis au point dans les années 20, et utilisé plus souvent par son ami Maurice Denis. Il s’agit d’un matériau composite, mélange d’huile de lin cuite et de résine phénolique auquel est ajoutée une charge (chaux, quartz, gypse, pigments) donnant une « gamme de peintures laquées mates prêtes à l’emploi » (2). Il permet aussi de diminuer l’impact des peintures contenant du plomb et intoxiquant les artistes-peintres au même type que les peintres en bâtiment.

Un constat d’état des peintures avant le traitement montre que l’ensemble des œuvres était affecté d’un empoussièrement important et d’un encrassement généralisé très prononcé. De nombreuses et plus ou moins graves fissures et lacunes ont été remarquées, ainsi que les restaurations de Robert Gall en 1946 avec apports de mastics différents du mortier initial et vernis fortement jauni et parfois brun.

Pour opérer le traitement, deux échafaudages ont été mis en place dans le chœur et dans le baptistère. Des prises de vues photographiques et un relevé des altérations ont précédé le début de la restauration. Avant de procéder au nettoyage au moyen d’une éponge humidifiée à l’eau, il a fallu faire un dépoussiérage par aspiration à distance, et utiliser l’acétone pour les zones localement vernies et fortement jaunies. Pour le traitement des fissures, l'équipe a opéré un nettoyage avant de les reboucher avec l’enduit adéquat. Après avoir terminé la voûte de 120 m2, elle a procédé de la même façon pour les peintures du baptistère.
Il faut signaler aussi la restauration fort réussie du couvercle des fonts baptismaux, préalablement très oxydé, encrassé et empoussiéré.

L’envoi de documents d’archives (3), de l’époque du commencement du chantier en 1929 et des retouches de Robert Gall en 1946, a permis à l'équipe de travailler avec des bases utiles qui ont contribué à la réussite de leur entreprise. Ainsi ils ont consacré à leur rapport une annexe composée des écrits mis à leur disposition, à savoir quatre pages reprenant les correspondances de l’artiste à propos des travaux dans l’Eglise Sainte Barbe, celles de 1929, avant son arrivée à Ruelisheim avec l’architecte M. Debut à propos de la préparation du fond spécifique au Stic B, puis sur le chantier de Wittenheim avec ses élèves Gall, Ambroselli, Isorni et Le Molt, et celles de 1946 avec Gall où le maître rappelle à l’élève dans sa 86e année, les tons de sa palette, la façon de procéder et le bonheur qu’il a éprouvé à peindre avec ses jeunes élèves : « Vive l’Alsace, cher ami, comme j’aimerais revoir ce pays où j’étais si heureux avec vous et mes deux gendres (4). »


(1) Comme les Dix Commandements sur les murs supérieurs de la nef.
(2) Fabienne STAHL, « Maurice Denis (1870-1943) et le Stic B », in Histoire de l’Art, n° 58, avril 2006.
(3) Archives Catalogue Raisonné.
(4) Gérard Ambroselli et Pierre Isorni ont participé au chantier au cours de l’été 1929.



Copyright © Catherine Ambroselli de Bayser, septembre 2012.