Citations sur Desvallières


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« Le projet de George Desvallières […] m'inspire la plus vive sympathie. C'est d'un grand cœur et d'un bel artiste. Je m'honore d'être son ami. Je souhaite de toutes mes forces qu'il réussisse et je l'aiderai dans toute la mesure où je pourrai. Imaginez-vous ce que deviendrait cette école d'art religieux si nous pouvions obtenir que pour la décoration d'une église importante ou d'une basilique, George Desvallières fût désigné comme le « maître d'œuvre » par les personnes de qui tout dépend ? Comme se trouverait soudain renouée la grande tradition du Moyen-Age ! Autour de lui, dans ses ateliers, stimulés par lui et maintenus par lui dans un état d'esprit religieux et de haut idéalisme, des artistes de toutes les catégories trouveraient à exercer leurs talents. Il assurerait l'unité de pensée ou plutôt l'unité morale. Et vous le connaissez assez pour savoir quelle serait sa liberté d'esprit et de quel vaste point de vue il saurait tout envisager. Il ne s'attacherait qu'à l'essentiel, c'est-à-dire à la qualité du sentiment et à la beauté de l'exécution. Nous nous grouperions autour de lui. Et nous ferions, j'en suis sûr, d'incessantes recrues qui assureraient l'avenir. Si les circonstances - et les hommes - nous favorisent, ce sera sans doute l'une des formes que prendra cette école d'art religieux. Mais si les circonstances imposent, du moins au début, une organisation moins nettement pratique, j'en suis tout de même. Ce que fera Desvallières sera toujours très bien fait. »

Maurice Denis, « Y a-t-il une renaissance de l'art religieux ? », interview, Le Temps, Paris, 9 janvier 1912.



« Quant à Desvallières, un des êtres les plus nobles que j'aie rencontré dans ma longue carrière, il a tenté de retremper l'art religieux dans les eaux lustrales des premiers jours de l'ère chrétienne et de chasser hors du Temple les vendeurs du quartier Saint-Sulpice. Tâche sainte, digne de ce chevalier errant, sans peur et sans reproche, mais tâche âpre et difficile. Son ardeur d'apôtre et sa volonté combative ont arrêté l'invasion des bondieuseries abominables qui ont longtemps empoisonné le monde religieux, et s'il gagne la bataille définitive, c'est parce que « saint Michel terrassant le démon » se double en lui d'un « saint François d'Assise » écoutant le langage des oiseaux et des humbles dont l'âme rayonne de bonté et de tendresse. »

Frantz Jourdain, « La Sensibilité en Art », L'Art, Paris, septembre-octobre 1929.



« Qui a vu le Christ à la colonne, tel qu'il resplendit au Prieuré de Saint-Germain, dans le grand hall de Maurice Denis, l'illustre ami du peintre, ne peut oublier le corps flagellé qui se courbe comme une flamme jaune empourprée de sang sur le blanc cruel de la colonne. »

Robert Vallery-Radot, « Desvallières », L'Art et les Artistes, Paris, octobre 1929.



« Deux peintres unis par l'amitié et par l'ardeur de la foi qui est la substance même de leur vie, Maurice Denis et George Desvallières, se dressent avec éclat aux deux pôles de l'inspiration chrétienne. […] [Desvallières], que conduit une âme généreuse, passionnée, tourmentée, pleure et se tord les mains devant l'Homme-Dieu qui a subi volontairement toutes les humiliations, tous les outrages, tous les supplices pour racheter nos péchés et il se fait une ligne tour à tour fusante ou brisée, une couleur dramatique et funèbre pour traduire une vision à la fois réaliste et mystique comme on en n'avait peut-être pas vu depuis Mathias Grünewald. »

Paul Jamot, « Art et Religion. À propos de l'exposition d'art religieux moderne organisée au musée Galliera »,
La Revue de l'art ancien et moderne, t. LVI, n° 311, Paris, décembre 1929.



« Violence, tendresse et liberté : telle est, nous semble-t-il, cette œuvre magnifique et tourmentée, si souvent tragique, mais où rayonne aussi tant de joie. Une vraie charité l'anime, le double et unique amour de Dieu et des hommes. Au service de cette charité, Desvallières a mis toute son âme, toute sa vie et une puissance d'invention, une imagination des couleurs et des formes tellement riches que son œuvre évoque, si différente qu'elle soit de tout le passé, les plus grands noms de la peinture. D'ailleurs, le dessin, si audacieux, demeure classique, exempt de déformations arbitraires ; c'est à peine si parfois le souci de « l'arabesque » marque comme un moyen préféré. Ce dessin peut être brutal parfois, mais il garde toujours une grande noblesse, et comme une fierté qui vient de l'âme même. L'amour de la beauté antique y est toujours vivant, mais lui aussi changé en charité. […]
Il resterait à dire encore le charme incomparable de l'homme lui-même, l'exquise bienveillance, la jeunesse du cœur, le dévouement sans limites, l'exemple admirable du chrétien, mais ce sont là des choses personnelles que l'on n'écrit guère. Qu'il soit simplement permis de dire que ceux à qui Dieu, à certains moments décisifs de leur vie, a fait la grâce de trouver sur leur chemin la personne et l'amitié de Desvallières ne l'oublieront jamais. »

Père Couturier, L'Artisan liturgique. Revue trimestrielle d'art religieux appliqué, n° 31, Lille,
Saint-André-lez-Bruges, octobre-décembre 1933




« Au courant romantique, celui qui s'apparente au baroque, au Greco, à la piété espagnole, impossible de ne pas y rattacher l'œuvre immense de George Desvallières, le représentant génial du lyrisme et du mysticisme d'après-guerre, l'un des plus grands noms de l'art d'aujourd'hui. […]
Si riche qu'il soit de dons, de science et même de virtuosité, c'est seulement avec tout son cœur passionné qu'il veut réveiller le sens chrétien, l'amour de Dieu et des hommes. Il est peintre éperdument, et il aime l'art vivant au point de préférer, comme plus religieuse, la ferveur réaliste d'un Monet ou d'un Lautrec à la tiédeur de certains peintres de sujets sacrés, lui qui pourtant, depuis la guerre, s'est interdit de traiter d'autres sujets. »

Maurice Denis, Histoire de l'art religieux, Paris : Flammarion, 1939.



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© Catherine Ambroselli de Bayser, janvier 2016.